Wiki Krishnamurti
Advertisement
SOMMAIRE

La réalité

Août

8

COMPRENDRE LE FAIT RÉEL

CE n'est pas vraiment complexe, bien que cela puisse être difficile. C'est que, voyez-vous, nous ne commençons pas par le fait réel, par ce que nous pensons, faisons ou désirons. Nous commençons par des suppositions, ou des idéaux, qui n'ont rien de réel, et c'est pour cela que nous nous égarons. Si l'on veut partir de la réalité et non de suppositions, il faut être extrêmement attentif, et toute forme de pensée qui n'a pas le réel pour origine est une distraction. C'est en cela qu'il est essentiel de comprendre ce qui se passe réellement en nous et autour de nous.

Si vous êtes chrétien, vous aurez des visions d'un certain type; si vous êtes hindou, bouddhiste ou musulman, elles seront fonction d'un autre modèle. Vous voyez le Christ, ou vous voyez Krishna, selon votre conditionnement, et c'est votre éducation, la culture dans laquelle vous avez été élevé, qui détermine les visions en question. Mais le réel, est-ce la vision, ou l'esprit qui a été façonné selon un modèle ? La vision est la projection de la tradition particulière qui se trouve constituer l'arrière-plan de l'esprit. C'est ce conditionnement, et non la vision qu'il projette, qui est la réalité, le fait. Il est simple de comprendre le fait réel, mais cela est rendu difficile par nos préférences et nos aversions, par notre condamnation du fait en question, et par les opinions et les jugements que nous portons sur ce fait réel. Se libérer de ces diverses formes d'évaluation, c'est saisir la réalité, comprendre ce qui est.

La réalité

Août

9

TRADUIRE LES FAITS EMPÊCHE DE LES VOIR

L'ESPRIT qui se forge une opinion sur un fait est un esprit étroit, limité, destructeur… Vous et moi pouvons traduire le fait chacun à notre manière. Cette interprétation du fait est une malédiction qui nous empêche de le voir tel qu'il est et de pouvoir agir sur lui. Lorsque vous et moi confrontons nos opinions respectives à son sujet, cela n'a aucune influence sur le fait; peut-être lui trouvez-vous des choses en plus, vous pouvez percevoir en lui plus de nuances, de sous-entendus, lui accorder plus d'importance que je ne le fais. Mais le fait ne souffre aucune interprétation : je ne peux donc pas me permettre la moindre opinion à son sujet. Le fait est tel qu'il est, et l'esprit a beaucoup de peine à l'admettre. Nous ne cessons de le traduire, de lui attribuer des sens différents, en fonction de nos préjugés, de nos conditionnements, de nos peurs et ainsi de suite. Il suffirait que vous et moi puissions voir le fait sans émettre aucune opinion, sans l'interpréter, sans lui attribuer de signification, pour qu'il devienne beaucoup plus vivant — non, pas plus vivant : le fait est là, il se suffit à lui-même, rien d'autre ne compte; le fait a alors sa propre énergie qui vous mène dans la bonne direction.

La réalité

Août

10

L'IMPERMANENCE EST LE SEUL ET UNIQUE FAIT

NOUS essayons de découvrir s'il existe ou non un état permanent — non pas ce que nous aimerions, mais le fait réel, la vérité à ce sujet. Tout ce qui nous entoure, intérieurement comme extérieurement — nos relations, nos pensées, nos sentiments —, est impermanent et en fluctuation constante. Ayant conscience de cela, l'esprit recherche ardemment la permanence, un état perpétuel de paix, d'amour, de béatitude, une sécurité que ni le temps ni les événements ne peuvent détruire; c'est pourquoi il crée l'âme, l'atma, et les visions d'un paradis éternel. Mais cette permanence est engendrée par la non-permanence, elle porte donc en elle les graines de cette non-durée. Il n'y a en définitive qu'une certitude : celle de la réalité de la non-permanence.

La réalité

Août

11

LA QUÊTE INSATIABLE DE L'NCONNAISSABLE

VOUS voulez que je vous dise ce qu'est la réalité. L'indescriptible peut-il être mis en mots ? Pouvez-vous mesurer l'immesurable ? Pouvez-vous retenir le vent dans votre poing ? Si vous le faites, est-ce le vent ? Si vous mesurez l'immesurable, est-ce le réel ? Si vous le formulez, est-ce la vérité ? Non, car dès que vous décrivez ce qui échappe à la description, cela cesse d'être le réel. Dès que vous traduisez l'inconnaissable en termes de connu, il cesse d'être l'inconnaissable. Et pourtant c'est ce à quoi nous nous évertuons. Nous cherchons inlassablement à « savoir », dans l'espoir que la connaissance prolongera notre durée et nous permettra de capter l'ultime félicité dans une permanence. Nous voulons « savoir », parce que nous ne sommes pas heureux, parce que nous sommes usés, avilis par un misérable labeur. Et pourtant, au lieu de nous rendre compte du simple fait de notre déchéance, de notre lassitude, de notre détresse, nous voulons fuir du connu vers l'inconnu, lequel encore une fois devient le connu, de sorte que nous ne pouvons jamais trouver le réel.

La réalité

Août

12

LA SOUFFRANCE : UN SIMPLE MOT OU UNE RÉALITÉ ?

LA souffrance n'est-elle qu'un mot ou une réalité ? Si c'est un fait, le mot, au point où j'en suis, n'a plus de sens; il n'y a plus en moi que la perception d'une intense douleur. Par rapport à quoi ? Par rapport à une image, à une expérience, à quelque chose que je n'ai pas. Si je l'ai, je l'appelle plaisir; sinon, c'est la douleur. La douleur, la souffrance existent par rapport à quelque chose. Ce « quelque chose », n'est-ce qu'une abstraction habillée de mots, ou est-ce une réalité ? Il est important de savoir ce qu'il est. De même que la peur n'existe pas en soi, mais est toujours la peur de quelque chose, la souffrance est toujours en relation avec une personne, un incident, un sentiment. Me voici maintenant pleinement conscient de la souffrance. Est-elle distincte de moi, ne suis-je que l'observateur qui la perçoit, ou est-elle « moi » ?


Préc | Haut | Suiv


Advertisement