Wiki Krishnamurti
Advertisement
SOMMAIRE

J. Krishnamurti

Carnets

Traduit de l'anglais par Marie-Bertrande Maroger
et Béatrice Vieme pour l’édition augmentée
© Éditions du Rocher, 1988, 2010.


Rishi Valley, 21 octobre 1961  

COMME nous marchions dans la rue bordée de quelques palmiers, l' « otherness » survint, tel une vague porteuse de force et de pureté ; un parfum, un souffle d'immensité. Point de sentiment, d'illusion romantique, de pensée fragile ; il était là, clair et tranchant, sans vague éventualité, précis et déterminé. Présent, sacré, rien ne pouvait le toucher ni briser sa finalité. Le cerveau percevait le frôlement des autobus, la chaussée mouillée et les grincements de freins ; conscient de toutes ces choses et de la mer au loin, il n'y était pas relié mais était totalement vide, sans racines, observant depuis ce vide. L'« otherness » se faisait pressant, avec une insistance aiguë. Ce n'était pas un sentiment, ni une sensation, mais un fait aussi réel que l'appel de ce passant. Ce n'était pas une émotion, laquelle peut changer, se poursuivre, la pensée n'y avait pas accès. Sa présence avait la finalité de la mort qu'aucun raisonnement ne peut dissuader. Étant sans racine, sans lien, rien ne pouvait le contaminer, il était indestructible.

Krishnamurti’s Notebook, 1975
(Traduit en français sous le titre Carnets. pp. 222-23)



Sommaire | Haut



Advertisement